Psychologue à pézenas (34), je reçois des enfants et ados présentant des troubles alimentaires (anorexie mentale, boulimie, vomissements)

Troubles alimentaires du nourrisson : le regard du psychologue

 

A Pézenas, le 27 janvier 2019

Guillaume Nguyen – Psychologue à Pézenas (Hérault)

Les troubles alimentaires se rencontrent fréquemment en petite enfance. Ces problématiques qui trouvent des origines diverses peuvent toutefois être accompagnées. Psychologue à Pézenas, je donne mon regard sur ces situations.

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Refus de la nourriture, refus des morceaux, vomissements, hyperphagie, mérycisme (rumination du bol alimentaire…), les troubles alimentaires sont fréquemment rencontrés chez les professionnels de la petite enfance.

Si l’on parle de troubles alimentaires chez les enfants, il me semble important d’emblée de souligner l’anxiété qu’ils peuvent générer et concentrer autour d’eux. C’est souvent des parents très inquiets qui arrivent en consultation et je crois essentiel dans un premier temps de chercher à apaiser l’anxiété familiale, tout comme déculpabiliser.

A cet égard, l’écoute et les conseils du médecin traitant, du pédiatre, de la puéricultrice ont un effet rassurant, réassurant, suffisant souvent à produire un changement.

Ponctuelles ou plus soutenues, des consultations chez un psychologue peuvent aussi permettre un apaisement et une prise de recul précieuse pour faire baisser l’anxiété, augurer un changement ou trouver des accompagnements adaptés à la problématique.

Le soutien parental du thérapeute peut s’avérer précieux dans ces situations.

Il n’y a pas « une » mais « des » anorexies

Concernant le refus alimentaire, il n’y a pas une anorexie mais des anorexies chez le tout-petit.

Le regard du professionnel (pédopsychiatre, psychologue, pédiatre…) permet d’abord de mieux cerner dans quelle configuration le refus alimentaire de l’enfant se situe, de donner des premiers conseils.

Certains troubles de l’oralité se jouent en effet sur des aspects psychiques et relationnels, d’autres sont davantage à comprendre sur le plan sensoriel, d’autres enfin sont des conséquences directes d’un trouble d’ordre organique ou fonctionnel (troubles neurologiques, anomalies congénitales etc.) repéré et déjà accompagné.

Les anorexies sont fréquentes durant le développement du tout-petit

On rencontre fréquemment des anorexies dans le développement du tout-petit. Consécutives à une baisse d’appétit transitoire (épisode infectieux, poussée dentaire, introduction de la cuillère, mise en crèche…) ou prises dans une conduite d’opposition au moment où l’enfant s’affirme, elles sont la plupart du temps passagères et se résorbent rapidement.

Généralement elles ont pour départ la « contrainte », c’est à dire ce moment où l’appétit de l’enfant est forcé.

Engrenage du système refus-contrainte

Il arrive toutefois que certaines durent, s’installent dans une spirale refus-forçage  alimentaires entre le petit et sa famille, avec des repas extrêmement tendus, dans un climat d’agitation et d’inquiétude.

Le repas tourne à « l’affrontement », on ne parle plus que de ça, il n’y a plus de plaisir autour de l’alimentation.

Dans le cadre d’une publication à laquelle j’ai contribué en 2017 pour la revue scientifique Neuropsychologie de l’enfance et de l’adolescence, nous parlons avec mes collègues de ces véritables « combats de petites cuillères ».

Il est important de souligner que le bébé est une « éponge ». Du fait de son immaturité, il ne « filtre » pas encore aussi bien les stimulations sensorielles que l’adulte et s’y montre infiniment plus sensible.

Le forçage alimentaire peut donc bien souvent être vécu de façon très intrusive par lui, renforçant sa conduite de refus.

Le recul et les conseils du psychologue peuvent alors permettre aux parents d’adopter des conduites différentes vis à vis de l’enfant pour rompre l’engrenage.

Cette aide ponctuelle rassure, réassure, déculpabilise, soutient, ouvre à un recul. Elle permet  de décentrer le regard de l’alimentation, regarder aussi tout ce qui peut se jouer entre les parents et l’enfant. Il ne s’agit pas ici d’un travail psychothérapique long et en profondeur : davantage un premier accueil pour écouter, prendre du recul, être conseillé et soutenu.

Il n’est pas rare que ces consultations ouvrent certaines prises de conscience, comme par exemple sur le vécu alimentaire des uns et des autres.

Aspects sensoriels dans le refus alimentaire

C’est souvent le cas sur le plan sensoriel, l’enfant présentant une aversion sensorielle massive face aux odeurs ou textures.

Dans ces cas, il est important d’ouvrir un regard sur l’histoire alimentaire de l’enfant et travailler avec lui sur cette dimension sensorielle.

Certains enfants ont par exemple pu garder une expérience traumatique autour de la zone orale (soins post-nataux, intubations, épisode de fausse-route alimentaire…) qui a pu entraver l’investissement de leur bouche durant leur développement.

De façon très progressive, des jeux et comptines autour du visage, de la bouche, de l’alimentaire (dînette, donner à manger à la poupée…) peuvent aider le petit à modifier son vécu sensoriel et son rapport à la nourriture. Les orthophonistes peuvent également intervenir à ce moment-là.

Des structures (médico-social, pédopsychiatrie…) ou des associations peuvent aussi animer des groupes d’enfant (ou groupes parent-enfant) autour de l’alimentation: le jeu et les mouvements d’imitation entre les enfants étant des supports très précieux.

Du côté des parents, l’anxiété autour du vécu alimentaire peut engendrer malgré eux une présentation de la nourriture de façon anxieuse à leur enfant (hypervigilance par exemple, interdiction de toucher les aliments, propos tels que « toute façon il en voudra pas »…).

Ces attitudes ont bien souvent une origine et parler aide à prendre conscience. Je pense par exemple à des parents qui ont gardé des attitudes d’hypervigilance suite à des épisodes traumatiques (maladie d’un enfant par exemple, éléments traumatiques de leur propre histoire…).

L’enfant n’a parfois pas pu traverser ses explorations sensorielles avec les aliments, les prendre avec les doigts, les sentir, jouer avec. Ces étapes sont pourtant essentielles pour développer une dimension de plaisir autour du repas, permettre au tout-petit de s’approprier et d’investir la nourriture.

Le psychologue accompagne des modifications d’attitude qui sont bénéfiques pour l’enfant, comme par exemple retraverser certaines étapes, réintroduire du plaisir durant le repas.

L’enfant doit pouvoir s’approprier la nourriture

Je parlais précédemment de la sensorialité très vive du bébé. Au moment de la diversification alimentaire, on peut d’autant mieux imaginer l’aspect nouveau que peut représenter cette nouvelle nourriture: odeur, texture, goût… Il est important d’accompagner cette rencontre alimentaire de mots, de jeux, de sourires, de gratifications, afin de « faire connaissance » avec ces aliments si différents du lait maternel.

Je crois essentiel à cet égard de laisser le tout-petit toucher, manipuler et jouer avec la nourriture afin de l’aider à se l’approprier. Qu’importe les salissures, on sort les bavoirs et on pose un drap par terre !

Dans le cas de troubles plus sévères

Des troubles alimentaires (en dehors des troubles d’origine organique ou fonctionnelle) peuvent être sous-jacents à des troubles plus profonds, la consultation permettra alors de mieux identifier la problématique, réfléchir aux éventuelles orientations et propositions thérapeutiques, accompagner la famille dans ce qu’elle peut mettre en place à la maison.

Guillaume Nguyen

Psychologue à Pézenas

 

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