Guillaume Nguyen est psychologue et psychothérapeute pour enfants et adolescents à Pezenas dans l'Hérault

Comment sont organisées la psychiatrie et la pédopsychiatrie ?

Les dispositifs de soin hospitalier psychiatrique et pédopsychiatrique couvrent l’ensemble du territoire. Globalement, il a organisé sous quatre grandes entités : CMP, CATTP, Hôpital de jour, Unités d’hospitalisation.

 

Guillaume Nguyen, psychologue à Pézenas (Hérault).

En France, le dispositif de soin de la psychiatre et de la pédopsychiatrie a été pensé pour pouvoir accueillir les problématiques et les besoins des personnes en souffrance, quelque soient la nature ou l’intensité des troubles dont elles souffrent.

C’est vrai… en théorie ! Le gros bémol réside toutefois dans les problématiques budgétaires actuelles du service public, engendrant un engorgement du dispositif de soin psychiatrique, des délais d’attente très importants, des soignants insuffisants en nombre et souvent débordés.

Il peut toutefois être utile d’en connaître le rouage si l’on est concerné de près ou de loin, pour soi, pour son enfant, pour un proche.

L’organisation peut paraître complexe pour quelqu’un qui sollicite pour la première fois les services de psychiatrie adulte ou infanto-juvénile. J’ai à coeur d’en faire ici une présentation simple mais claire.

Face aux représentations mobilisées autour de la psychiatrie, il est par ailleurs important de resituer la dimension centrale de l’ambulatoire (CMP, CATTP, HDJ), ces structures souvent hors de l’enceinte hospitalière qui accueillent sur consultation, au plus près des populations. Des petites équipes de quartier ou de villes de campagne, avec lesquelles j’ai personnellement eu beaucoup de plaisir à travailler durant mon parcours.

Qu’est-ce donc que le « CMP » évoqué par l’institutrice ou le médecin ? Qu’est-ce qu’un hôpital de jour? Une hospitalisation à temps complet ? Ce petit article a pour visée d’expliciter l’organisation du parcours de soin, pour ceux qui rechercheraient quelques clarifications.

SOINS AMBULATOIRES : CMP, CATTP, HÔPITAL DE JOUR

 

C’est quoi un CMP ?

Qu’il soit destiné aux enfants ou aux adultes, le Centre Médico-Psychologique est une antenne de proximité rattachée au centre hospitalier psychiatrique départemental. C’est un service public ouvert à tous, les frais sont intégralement couverts par la sécurité sociale. Au plus près de la population, il rassemble des professionnels de santé et paramédicaux (psychiatres, psychologues, infirmiers, éducateurs, orthophonistes, psychomotricien, unités de petite enfance et périnatalité…). Centralisant les premiers rendez-vous et les suivis sur le secteur, il est  en quelque sorte une véritable pivot de la prise en charge du dispositif psychiatrique hospitalier.

Le CMP dispense des missions de prévention et de soins, d’accompagnement familial ou de soutien parental, d’orientation, de rééducation (orthophonie, psychomotricité…) et accueille sur des temps cours (consultation, séance…).

Généralement, on retrouve des CMP dans les principales agglomérations du département.

Quelles différences entre CMP et CMPP ?

Chez les enfants, les CMP ne doit pas être confondus avec le CMPP (Centre Médico-Psycho-Pédagogique) qui sont des structures privées régies souvent sous statut associatif, destinées uniquement aux enfants et adolescents, conventionnées également par la sécurité sociale. Dans les faits et pour le public, les différences entre les CMP et les CMPP ne sont pas si grandes. Il est toutefois peut-être plus judicieux de se rapprocher du CMP en cas de troubles sévères, avec une prise en charge en théorie facilitée par le rattachement de la structure à l’hôpital.

C’est quoi un CATTP ?

Le Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel accueille les patients sur un temps de soin plus important, sur orientation du CMP. La dimension de soins en groupe y est centrale, tout autant que l’accompagnement à l’autonomie et à la socialisation. Afin de soutenir et aider les patients à exprimer leurs émotions, les soignants vont proposer différentes médiations adaptées aux la problématiques (photo-langage, groupes à médiation artistique, randonnée, groupes de parole, ateliers d’écriture…).

C’est quoi un hôpital de jour (HDJ) ?

Toujours sur orientation du CMP, l’hôpital de jour est un accompagnement plus intensif et davantage personnalisé, assuré par une équipe pluridisciplinaire. Davantage de moyens humains sont alloués à ces prises en charge, comprenant des soins individuels et en groupe, sur des créneaux plus larges et plus fréquents (demi-journée, journée entière, plusieurs fois par semaine).

Ils sont généralement destinés à accueillir des personnes souffrant de troubles psychiatriques plus sévères (dépression sévère, troubles du spectre autistique, troubles graves de la personnalité, schizophrénie…).

L’HOSPITALISATION A TEMPS COMPLET

C’est quoi une hospitalisation à temps complet ?

Le centre hospitalier psychiatrique dispose d’unités d’hospitalisation à temps complet, spécifiques selon la nature et l’intensité des troubles.

L’hospitalisation est requise quand les troubles se manifestent de façon aiguë et engagent la sécurité du patient et/ou de son entourage. C’est notamment le cas quand l’état du patient est très agité ou présente un risque suicidaire.

La démarche s’avère souvent rassurante pour lui (et pour l’entourage) de part l’aspect contenant de la structure et de l’étayage important de l’équipe. Durant l’hospitalisation, il bénéficiera d’une surveillance médicale permanente et de soins : entretiens psychiatriques ou avec un psychologue, activités thérapeutiques, mise en place ou modification éventuelles d’un traitement médicamenteux, mise en place de soins à l’extérieur. Les visites et les permissions sont encadrées selon la situation et l’état psychique de la personne.

Le personnel du CMP assure la liaison et proposent des relais sur le secteur du patient (ou vers le libéral) une fois que le patient va mieux et que sa sortie est décidée.

Il existe également des structures privées d’hospitalisation (cliniques).

Le cas des mineurs

Les mineurs sont généralement hospitalisés en pédiatrie, en collaboration avec la pédopsychiatrie de secteur (équipes de liaison). Si l’intensité des troubles (agitation trop importante, aggressivité, déterminisme suicidaire) ne rend pas cette hospitalisation possible, ils sont admis dans des unités d’hospitalisation pédopsychiatriques, pour un âge ne dépassant pas 16 ans. Au-delà, ils sont généralement admis en psychiatrie adulte.

La situation de crise

La situation de crise est souvent et paradoxalement un temps fécond pour la famille et l’enfant (dans les faits souvent l’adolescent). L’hospitalisation impose une rupture soudain dans la situation de crise, quelque chose qui arrête, qui rassure. De par les entretiens familiaux et individuels, ce temps d’hospitalisation permet souvent une ouverture  chez le jeune ou entre lui et ses parents.

Dans les structures hospitalières dans lesquelles j’ai exercées, un relai en CMP est systématiquement proposé aux familles après l’hospitalisation.

Les modalités d’hospitalisation

Le patient (ou sa famille s’il est mineur) peut demander une hospitalisation de lui-même et librement consentie. Bien que cela ne soit pas obligatoire, elle est souvent coordonnée avec le médecin traitant ou le psychiatre qui adresse une prière d’admettre ou se met en lien avec le service concerné.

L’Hospitalisation sur Demande d’un Tiers (HDT)

Il arrive que le patient refuse l’hospitalisation malgré un état nécessitant une surveillance. Il peut ne pas être consentant aux soins où présenter un état psychique ne lui donnant pas accès à son consentement éclairé.

Dans ces cas, une Hospitalisation sur Demande d’un Tiers peut s’effectuer via un proche ou une personne agissant dans l’intérêt du patient. Pour les mineurs, ce sont les personnes détentrices de l’autorité parentale qui doivent nécessairement faire la demande.

Cette demande doit être appuyée par deux certificats médicaux différents (souvent le médecin ou psychiatre habituel du patient, ainsi qu’un médecin de l’établissement d’accueil).

L’Hospitalisation d’office (HO)

L’hospitalisation d’office est une mesure administrative décidée par le préfet. Elle est requise en cas quand l’intensité des troubles psychiques engage une atteinte grave à l’ordre public et la sécurité des personnes (agitation massive, dangerosité….).

Et le libéral ?

J’espère avoir clarifié les grandes lignes concernant l’organisation des soins psychiatriques hospitaliers.

Que cela soit pour vous ou pour votre enfant, si vous êtes amenés à solliciter l’aide du service public hospitalier, c’est donc au CMP qu’il faut s’adresser (hors situation d’urgence).

Comme dit précédemment, certains CMP (surtout pour les enfants) sont malheureusement très sollicités et les délais d’attente pour les premiers rendez-vous peuvent être très longs, parfois plusieurs mois.  Le constat est le même pour les CMPP.

Malgré le coût que cela implique, les consultations chez les psychiatres ou les psychologues en libéral peuvent néanmoins souvent permettre de rapidement « désamorcer » la situation et ne pas laisser s’installer un trouble, avec les tensions et les souffrance que implique.

Consultation libérale chez le psychiatre

Les consultations libérales chez le psychiatre sont prises en charge en partie par la sécurité sociale, la part de remboursement est toutefois selon le secteur auquel il est rattaché.

Consultation libérale chez le psychologue

Les consultations et les séances de psychothérapie chez le psychologue libéral ne sont pas remboursées par la sécurité sociale. Il faut généralement compter entre 40 et 60 euros par consultation.

Face à l’engorgement des CMP, la question du remboursement du des psychologues libéraux semble commencer à évoluer. Une expérimentation sur le remboursement des consultations pour enfants et adolescents est actuellement en cours. Etalée sur 4 ans et répartie sur quelques départements, cette démarche concerne un forfait de 12 consultations par an, fixé à 32 euros par consultation.

L’expérimentation est répartie sur quelques villes des Yvelines et du Val d’Oise, dans les Pays de La Loire et le Grand-Est.

Certaines complémentaires santé commencent par ailleurs à faire évoluer leurs prestations en assurant une prise en charge partielle des consultations. Je suis récemment tombé sur le site web d’une psychologue parisienne qui a procédé à une liste (non officielle et non exhaustive) de certaines mutuelles remboursant une partie des consultations chez les psychologues libéraux.

Il reste important de bien se renseigner auprès de son organisme de complémentaire santé.

G. Nguyen

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